dimanche 4 janvier 2015


PRESSE

La Montagne et Le Populaire du Centre du samedi 7 mars 2015
LIMOUSIN > CREUSE > SAINT-GERMAIN-BEAUPRÉ 07/03/15 - 06H00

Hervé Laboulle, docteur en hydrobiologie, étudie la turbidité des étangs

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Hervé Laboulle pose sur la dalle de ciment qui couvre la fumière de la ferme. - Meusy Patrick
Hervé Laboulle pose sur la dalle de ciment qui couvre la fumière de la ferme. - Meusy Patrick
Depuis trois ans, Hervé Laboulle, professeur de SVT au lycée de La Souterraine et docteur en hydrobiologie poursuit ses recherches sur la turbidité des étangs et autres plans d’eau du Pays Ouest Creuse.

C'est une quête passionnée et laborieuse, au service d'un bien commun inestimable, l'eau, que mène Hervé Laboulle. La ville de La Souterraine l'a régulièrement associé aux commissions de travaux portant sur l'étang du Cheix et les recherches confiées à l'Université de Limoges. Il les a amendées de ses propres observations et analyses contradictoires qu'il mène par ailleurs trouvant une écoute bienveillante voire même des collaborateurs précieux auprès d'exploitants agricoles riverains. Ces expériences devraient lui permettre de démontrer son hypothèse portant sur les stockages de fumiers (notre édition du 3 janvier).
Une ferme exemplaire
Sur tout ce territoire de l'ouest Creuse et même plus loin, il n'y a pas une rivière, pas un ruisseau, pas un étang ni leurs berges comme les prés environnants qu'il n'ait pas arpentés, rapportant prélèvements, photos et témoignages.
Celui de Claudine, bientôt octogénaire et retirée dans un hameau de la Chapelle-Baloue tout à côté de chez lui, a apporté de l'eau à son moulin.
La route qui mène chez elle finit par un chemin de terre qui termine dans la cour empierrée de la ferme familiale où elle a travaillé longtemps avec son mari Roland, disparu depuis. Elle avait 20 ans quand ils se sont installés ici, en 1955. Cette ferme est exemplaire. À l'époque, les maisons n'avaient pas l'eau courante et dispersées dans la campagne, les familles s'approvisionnaient au puits le plus proche, souvent un par village. Or la ferme de Claudine et de Roland est sur une hauteur, on devine les quelques maisons en contre bas. « Il y avait deux puits, presque côte à côte, explique-t-elle, et bien on pouvait boire l'eau du premier mais pas celui qui était à côté… Il fallait faire très attention au fumier stocké devant l'étable car les jus descendaient dans les prés et les rigoles plus bas. »
Les agriculteurs étaient solidaires, chacun trouvant la solution la meilleure pour réduire ses impacts. C'est le cas de Roland ; on est alors dans les années 1960. La profession entame une mutation, des méthodes nouvelles font florès, comme la construction de fumières pour éviter les écoulements mais aussi les valoriser mieux. Roland, petit-fils de maçon, aidé par la famille ou les voisins, va réaliser un énorme chantier : il construit une fumière dans la cour et un réseau enterré pour collecter les purins depuis l'étable.
C'est un énorme travail car la maison est construite sur du rocher : il creuse dans le granit la fosse à 2 mètres de profondeur sur 10 mètres de long et 3 de large. Elle est maçonnée puis recouverte d'une dalle en béton respectant une pente pour que les jus du fumier tombent dans la fosse par un conduit longitudinal. Un regard permettait d'installer une pompe pour récupérer le trop-plein de jus, si besoin. Son système était si efficace, que le fumier était quasi sec lorsqu'il le chargeait pour l'épandre et l'eau des chevelus en contre bas restait claire.
Un retour aux fumières ?
Aujourd'hui on a oublié les fumières (*) et les paysans ont été contraints d'aller stocker les fumiers en plein champ. « On demande toujours plus aux exploitants agricoles, commente Hervé Laboulle, en 60 ans, les réglementations se sont empilées les unes sur les autres. S'il est démontré que les stocks de fumier polluent les nappes, comment aider l'agriculture à retrouver des pratiques raisonnables sans endetter davantage les professionnels ? ».
Hervé Laboulle poursuit sa réflexion. Un mois plus tôt, il a rencontré Yves Aumaître : le maire d'Azerables et agriculteur a pris le temps de l'entendre et devrait lui ouvrir un nouveau champ d'investigation, celui du plan d'eau de La Chaume.
(*) De nouvelles initiatives ont eu lieu fin des années 1990-début 2000 notamment en Bretagne dans le cadre du Programme de Maîtrise des pollutions d'origine agricole ou PMPOA. Mais la taille des exploitations d'élevage a considérablement augmenté et la surface de stockages avec. Certains éleveurs ont trouvé des solutions intermédiaires, avec des filtres à paille. Dans tous les cas, ces opérations ont un coût, que les éleveurs ne peuvent pas supporter mais le programme bénéficie de financements provenant des Agences de l'Eau, des collectivités locales et du Ministère de l'Agriculture. Le PMPOA a accompagné financièrement et techniquement 53 000 élevages (essentiellement laitiers) en France de 2003 à 2007.


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