mardi 28 août 2018

Presse
La Montagne du mercredi 1er juillet 2020


La Souterraine

L’hydrobiologiste estime que l’eau de l’étang du Cheix sera assez claire d’ici un à deux ans

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L’hydrobiologiste estime que l’eau de l’étang du Cheix sera assez claire d’ici un à deux ans
 



L’hydrobiologiste estime que l’eau de l’étang du Cheix sera assez claire d’ici un à deux ans


Publié le 01/07/2020
Après plus de dix ans de travail sur les cyanobactéries, Hervé Laboulle est en train de voir son travail récompensé car la baignade va probablement pouvoir rouvrir d’ici un à deux ans. © Droits réservés

C’est la question que tout le monde se pose depuis l’interdiction de la baignade en 2015 : quand est-ce que l’étang du Cheix à La Souterraine va pouvoir rouvrir à la baignade ?
Selon Hervé Laboulle, professeur de Sciences et vie de la terre diplômé en hydrobiologie, l'étang du Cheix va pouvoir accueillir de nouveau des baigneurs d'ici un ou deux ans.
Une question de transparence
Depuis plus de dix ans, Hervé Laboulle étudie le phénomène des cyanobactéries dans les étangs, dont celui du Cheix à La Souterraine. Grâce à son disque de Secchi, Hervé Laboulle mesure la transparence de l'eau depuis plusieurs années et étudie les facteurs de développement des cyanobactéries qui, pour lui, ne sont pas dues au phosphore comme beaucoup peuvent le penser.
« Si la transparence est faible, la lumière naturelle arrive sur une plus faible épaisseur et donc cela chauffe davantage. J'ai trouvé des températures de 25 à 30 degrés dans l'eau, alors que la température normale de l'eau même au plus chaud de l'été ne monte pas au-delà de 21 degrés », explique-t-il.
L'hydrobiologiste a donc fait des recherches sur la biologie des cyanobactéries et il a trouvé que les cyanobactéries d'eau douce se développent au-delà de 25 degrés. Il a donc trouvé son facteur explicatif : la coloration de l'eau provoque l'augmentation de la température qui favorise le développement des cyanobactéries. Et donc la baignade n'est pas possible.
Il a fallu déplacer des tas de fumier
Une fois ce facteur trouvé, il a cherché à comprendre d'où venait l'origine de cette coloration. Et il en a conclu que c'était les tas de fumier déposés sur le sol qui font des purins et qui finissent par s'écouler de manière naturelle soit dans les rivières, les ruisseaux ou les étangs. Autour de l'étang du Cheix, il n'y a que deux agriculteurs qui ont des tas de fumiers à proximité de l'étang. Il a donc expliqué et montré ses analyses aux agriculteurs qui ont très volontiers accepté de déplacer de quelques centaines de mètres leurs tas de fumier pour qu'ils ne soient plus autour du bassin versant.
Depuis sept ans qu'Hervé Laboulle a fait déplacer ces tas de fumier, il n'en reste plus qu'un seul qui n'est pas complètement tari ; il devrait l'être d'ici deux ans. « Les purins mettent environ 50 mètres par an à arriver dans les eaux. On arrive au bout du purin et les fortes précipitations de l'automne et de l'hiver dernier accélèrent le phénomène de transparence », explique Hervé Laboulle.
Mais alors, à partir de quelle hauteur de transparence les cyanobactéries ne se développent plus ? Le scientifique explique : « Pour être tranquille, il faudrait une profondeur de transparence de l'eau autour d'1,50 m. Jusqu'en 2016, on était autour de 40 à 50 cm de transparence, donc très mauvais. Mais depuis 2017, la transparence de l'eau ne cesse de s'améliorer. En 2017, on était à un mètre, en 2018 à 1,02 m et depuis 2019, on est à 1,34 m, donc il y a bien une amélioration significative », analyse-t-il.
Un travail en profondeur
D'ici un à deux ans donc, l'ouverture à la baignade va être possible dans l'étang du Cheix. Et ce phénomène de transparence va s'accélérer : à la place de l'eau sale, c'est de l'eau claire qui va arriver dans l'étang, et Hervé Laboulle est convaincu que ce phénomène de transparence de l'eau exponentiel peut augmenter de 2 mètres de transparence par an. Il espère que son long travail en profondeur sur la question des cyanobactéries qui empêchent les baignades va être un point de départ pour d'autres municipalités qui veulent en finir avec cette prolifération.

Louis Dérigoin, correspondant de La Montagne à La Souterraine.

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La Montagne et le Populaire du Centre du lundi 13 août 2018








Selon lui, les tas de fumier posés au sol seraient responsables

Selon lui, les tas de fumier posés au sol seraient responsables
Cet enseignant de La Souterraine pointe du doigt le dépôt de fumier au sol sur le bassin-versant.

Professeur de Sciences de la vie et de la terre (SVT) au collège de La Souterraine et titulaire d'un DEA en hydrobiologie, Hervé Laboulle s'intéresse au problème des cyanobactéries depuis plusieurs années.
Il remet en cause la théorie scientifique selon laquelle l'augmentation de la concentration du phosphore dans le milieu aquatique serait responsable de la prolifération des algues bleues.
Lors de ses promenades au bord des rivières et des étangs, Hervé Laboulle constate une coloration foncée anormale des eaux. « Cette eau colorée arrête les rayons du soleil, ce qui fait augmenter la température de l'eau », note Hervé Laboulle. Et d'ajouter : « Les cyanobactéries sont des organismes qui se développent à des fortes températures, au-delà des 25°. » 
Pour lui, cette coloration est due aux tas de fumier posés au sol et donc exposés aux intempéries. « Le purin s'écoule et finit dans les ruisseaux, les rivières, les étangs. »
Au moment où il fait ces découvertes, en 2014, l'enseignant travaille sur l'étang du Cheix, à La Souterraine. Il se rapproche des agriculteurs qui ont des terres aux abords du plan d'eau et les convainc de mettre leurs tas de fumier un peu plus loin, ailleurs que sur le bassin-versant.
« Il faut un certain temps pour que les purins se purgent de ces terrains », indique-t-il. Pendant quelques années, l'étang était toujours coloré. « En 2017, l'eau a commencé à s'éclaircir, ça s'est stabilisé à 85 cm de transparence l'été. En juillet 2017, les prélèvements faisaient apparaître la présence de 50.000 cellules de cyanobactéries par millilitre. Avant on avait eu jusqu'à 500.000 cellules ! » La municipalité de La Souterraine, prudente, décide d'attendre encore et de ne pas ouvrir la baignade.
Cette année, les analyses étaient plutôt bonnes au début de l'été : 1m15 de transparence et 43.000 cellules de cyanobactéries par millilitre. Mais la situation s'est dégradée fin juillet. « L'eau s'est opacifiée et on a eu 138.000 cyanobactéries. Le purin s'est fabriqué dans la dernière année et a fini par s'écouler, analyse Hervé Laboulle. En queue d'étang, là où arrive le purin, c'est normal que l'eau soit fortement colorée. » La baignade est toujours interdite.


Malgré ces résultats en demi-teinte, l'enseignant ne se décourage pas et croit en sa théorie. Quand il n'est pas possible de déplacer les tas du fumier, il propose de les recouvrir d'une bâche spéciale. « Je pense avoir trouvé le vrai facteur, mais il faut attendre un certain temps. » 

Sa théorie critiquée. Certains scientifiques, à l'image Jean-François Humbert, directeur de recherche à l'Inra, critiquent la théorie d'Hervé Laboulle, qu'il qualifie de « fumeuse ». « Il n'existe strictement aucun doute sur le fait que le phosphore et, dans une moindre mesure, l'azote sont les deux éléments clés dans la prolifération des cyanobactéries. D'autres facteurs et processus interviennent également, à l'exemple du réchauffement climatique que nous connaissons actuellement », écrit le directeur de recherche de l'Inra, qui travaille depuis vingt ans sur les cyanobactéries.


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