mercredi 2 juillet 2014

PRESSE

La Montagne et Le Populaire du Centre du vendredi 1er Août 2014



Professeur de sciences au lycée Raymond-Loewy, il étudie depuis longtemps ce phénomène

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Hervé Laboulle, devant l’étang du Cheix - .
Hervé Laboulle, devant l’étang du Cheix - .
Depuis de nombreuses années, Hervé Laboulle, professeur à Raymond-Loewy, s’intéresse aux cyanobactéries. Selon lui, le phosphore n’est pas le seul responsable de ce phénomène.


Comme tout scientifique qui se respecte, Hervé Laboulle défend l'idée que le doute est une gymnastique mentale obligatoire. Cet enseignant de SVT (sciences de la vie et de la terre) au collège lycée Raymond-L'wy s'intéresse aux cyanobactéries depuis longtemps. Et il s'étonne que depuis 30 ans, la communauté scientifique ait pu accuser un seul responsable, le phosphore, au point d'abandonner la rigueur élémentaire dans le processus d'analyse que les collectivités sollicitent.
Une théorie obsolète
Il en veut pour preuve le rapport qui a été remis à la ville de La Souterraine en 2014 après l'épisode 2012 de cyanobactéries, qui avait entraîné la fermeture de la baignade au Cheix. Certains prélèvements ont été oubliés, comme la mesure de l'oxygène en fond et l'analyse de l'eau en sortie. « Lorsque les sédiments sont chargés en phosphore, le fond est obligatoirement désoxygéné disent les théoriciens. Car le milieu perd son oxygène. Les cyanobactéries descendent chercher le phosphore la nuit et remontent le jour pour faire la photosynthèse, détaille le professeur. Ce modèle de fond désoxygéné a été établi il y a 60 ans sur des lacs particuliers qui ne correspondent pas aux étangs et notamment à ceux de la Creuse. Or, si on applique ce modèle, en effectuant des prélèvements à 16 mètres de profondeur avec le matériel agréé de l'office international de l'eau, j'ai trouvé, en 2009 sur le lac du Bourg-d'Hem, jusqu'à 80 % d'oxygène (79,2 %). Et on avait accusé le phosphore. »
Il intervenait à la demande de la commune en raison d'une invasion de cyanobactéries. « Les analyses doivent être très précises, il ne faut pas oublier le dosage des différentes toxines, les taux de concentration. C'est un travail de longue haleine et le scientifique se heurte aux échéances à court terme du gestionnaire, qui veut garantir la baignade l'été. »
Lorsque l'étang du Cheix a été vidé fin 2012 pour permettre notamment de mener les études commandées par la commune, Hervé Laboulle a parcouru les rives et a trouvé des moules d'eau douce et des vers de vase. « Ces invertébrés ne peuvent pas vivre et se développer dans un milieu désoxygéné. Or les conclusions du rapport invoqueront, plus tard, la présence du phosphore. Les mesures d'oxygène n'ont pas été faites au Cheix car les scientifiques sont prisonniers d'un système de pensée, ils oublient la posture essentielle du chercheur, tout vérifier et douter. » Il cite les conclusions d'une étude de neurobiologistes anglais sur ces certitudes de chapelles. « L'expertise nuit à la créativité, tout ce qui est hors champ ne parvient plus à la conscience. »
Pour Hervé Laboulle, s'arrêter au seul phosphore est facile, confortable. Pour le retirer des fonds, certains cabinets proposent alors des travaux pharaoniques à des coûts exorbitants. « Ils posent un drain sur les budgets étangs, cela finit par coûter très cher et pour autant, les cyanobactéries sont toujours là ».
Alors, si ce ne sont pas les cyanobactéries, c'est quoi ? Hervé Laboulle a son idée. Il pointe notamment des matières en suspension, dont la réaction photosynthétique à certaines températures pourrait être la cause. Mais il ne veut pas en dire davantage. Il en est au stade des vérifications et ne veut rien oublier. La commune de La Souterraine l'a associé aux réunions organisées cette année, il est notamment en contact régulier avec Karine Nadaud, l'élue déléguée responsable de l'étang du Cheix et il doit présenter ses résultats à l'automne.
C'est que ses compétences et son expérience font référence. Il y avait peu de débouchés lorsqu'il a obtenu son DEA d'hydrobiologie à la fin des années 80. Sans grande ferveur, il choisit alors l'éducation nationale. Après avoir passé le CAPES de SVT, il est nommé au collège du Mirail, une ZEP de la banlieue de Toulouse, puis rejoint La Châtre (Indre), où il enseigne un an avant d'être nommé à La Souterraine, en 1992.
Le phosphore n'est pas le seul responsable
Il profite de sa formation d'hydrobiologiste pour sensibiliser les élèves au domaine de l'eau. Il les emmène sur le terrain, leur apprend l'observation, l'hypothèse, l'analyse et le diagnostic. Hors temps scolaire, il poursuit ses observations dans ce domaine, échange avec des sommités nationales, apporte des contributions sur des sujets très différents.
Mais face au problème des cyanobactéries et au dogme « phosphore », il ne parvient pas à se faire entendre de la communauté scientifique. Il a donc décidé, cette année, d'ouvrir un blog (*), où il publie résultats et analyses. Il espère profiter ainsi de l'espace international du réseau Internet.
(*) http:\\hydrasaclab.blogspot.fr.
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L'ECHO de la CREUSE du vendredi 22 août 2014



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La Montagne et Le Populaire du Centre du samedi 3 janvier 2015

LIMOUSIN > CREUSE > LA SOUTERRAINE 03/01/15 - 06H00

Selon Hervé Laboulle, professeur de SVT à Raymond-Lœwy, le fumier serait impliqué

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Xavier Devaud, François Migaire et Hervé Laboulle devant le plan d’eau du Cheix. - Meusy Patrick
Xavier Devaud, François Migaire et Hervé Laboulle devant le plan d’eau du Cheix. - Meusy Patrick
Le phosphore est souvent mis en cause dans le développement des cyanobactéries. Pourtant, Hervé Laboulle, professeur de SVT à Raymond-Lœwy, aurait trouvé une autre explication qui reste à démontrer.

La présence des cyanobactéries qui envahissent les plans d'eau de la région depuis ces dernières années préoccupe les collectivités territoriales, qui y voient un impact désastreux sur leur exploitation touristique. Les nombreuses études confiées à des cabinets spécialisés privés ou publics pointent le phosphore du doigt, et les remèdes proposés sont, pour beaucoup, des chantiers au long cours et onéreux.
Et si ce n'était pas le phosphore ? Professeur de SVT au collège Raymond-L'wy, Hervé Laboulle est aussi un spécialiste dans le domaine de l'eau, docteur en Écologie terrestre et limnique, option hydrobiologie. En bon scientifique, il s'intéresse au sujet en cultivant le doute.
En présence
de phosphore,
il n'y a pas d'organismes vivants dans les fonds

Depuis plus de deux ans, il a entrepris une recherche minutieuse sur plusieurs sites creusois et notamment à l'étang du Cheix à La Souterraine en se référant à un plan d'eau « blanc », celui de la Jonchère en Haute-Vienne, qui remplit les critères de transparence et de pureté. Il s'appuie sur un postulat de base : en présence d'une grande quantité de phosphore (*), il n'y a pas d'organismes vivants dans les fonds. C'est ce postulat qui l'a fait douter sur le diagnostic posé à l'étang du Cheix par l'équipe scientifique intervenue fin 2012 et début 2013. À l'issue des prélèvements aux différents points du plan d'eau, les quantités de phosphore sont telles qu'il ne fait aucun doute pour ces experts universitaires qu'il est la cause des cyanobactéries.
Des moules d'eau douce
et des vers dans la vase

Or, à l'occasion de ses recherches lors de la vidange de l'étang, Hervé Laboulle trouve des moules d'eau douce et des vers dans la vase, ce qui démontre la présence d'organismes vivants dans les fonds. Ce constat vient conforter l'hypothèse qui nait au fil de ses observations sur les plans d'eau et les ruisseaux du bassin-versant : ce ne peut pas être le phosphore.
Lorsqu'il compare les prélèvements effectués sur plusieurs sites envahis de cyanobactéries avec l'eau claire de La Jonchère, il note que tous, à l'exception du ruisseau de la Rongère à La Celle-Dunoise, présentent une coloration marron.
Autre postulat : les algues eucaryotes ont un optimum de développement à 20° C, alors que les cyanobactéries ont cet optimum à 25° C. Il explique ces fortes températures relevées en surface (jusqu'à 30° C) par la turbidité de l'eau : l'eau est tellement trouble qu'elle confine la lumière en surface et à l'analyse, cette eau révèle la présence de colloïdes.
Il s'interroge : d'où peuvent venir ces macromolécules organiques ou minérales en suspension ? Il décide alors d'explorer les rives, les ruisseaux, les prés, les forêts en amont des étangs, de tous ces étangs et découvre un point commun, à l'exception de l'étang de la Jonchère et de la Celle-Dunoise : la proximité d'un stockage de fumiers.
Sa découverte l'angoisse tellement en raison du contexte politique et agricole, qu'il va reprendre ses analyses, refaire le tour détaillé des sites et finalement revenir… au Cheix.
La piste du fumier
Comme partout, il trouve les points d'impacts générant cette pollution : il s'agit de fumiers d'une des exploitations en amont, le GAEC du Chaudron. Il décide alors de prendre contact avec les deux exploitants, Xavier Devaud et François Migaire pour leur présenter son étude et ses hypothèses : « j'ai été étonné de trouver une telle écoute et une telle attention, ils étaient même intéressés de pouvoir vérifier mon hypothèse et au printemps dernier, ils ont accepté de déplacer le tas de fumier. »
Pour Hervé Laboulle, il faut bien attendre une année, le temps que les derniers résidus aient été lessivés par les pluies pour évaluer la pertinence de la démarche.
Si l'hypothèse est démontrée, quelle solution ? Tous les exploitants agricoles n'ont pas la possibilité ni les moyens d'apporter la meilleure réponse : une plateforme imperméable et une couverture pour éviter le ruissellement lorsqu'il pleut.
Hervé Laboulle a présenté ses recherches aux élus de La Souterraine – le maire a d'ailleurs adressé un courrier de remerciement aux exploitants agricoles qui ont coopéré – mais après ? Dans le cadre des directives environnementales européennes, n'y aurait-il pas des budgets pour participer au financement de la construction de « fumières » ? La pose de panneaux solaires sur les toitures de ces bâtiments ne pourrait-elle pas générer des revenus pour compléter l'investissement ? Autant d'idées que suggère Hervé Laboulle mais qui laissent dubitatifs les deux agriculteurs. La nouvelle Politique Agricole Commune n'offre aucune perspective en faveur du milieu de l'élevage, parent pauvre de la profession.
Dans tous les cas, l'expérience menée à La Souterraine pourrait être déterminante pour les autres sites d'ici et d'ailleurs infestés par les cyanobactéries.
(*) « La théorie actuellement admise, explique Hervé Laboulle, présuppose qu'il est nécessaire que les fonds soient dépourvus d'oxygène pour que les sédiments relarguent du phosphore nécessaire au développement des cyanobactéries ».

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