dimanche 16 octobre 2016

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 La Montagne et le Populaire du Centre du jeudi 2 novembre 2017


Environnement

Cyanobactéries dans les plans d'eau : et si le purin en était la cause ?

Cyanobactéries dans les plans d'eau : et si le purin en était la cause ?
Hervé Laboulle Prof SVT Cyanobactéries Courtille © Elodie Richert
Lundi prochain, le professeur de biologie Hervé Laboulle va présenter aux élus de Guéret un plan d’action contre les cyanobactéries.
Chaque été, le même constat est fait dans les plans d’eau creusois : baignade interdite pour cause de cyanobactéries, ou algues bleues… La communauté scientifique met en cause le phosphore, et pourtant, malgré les recommandations d’un rapport de la fin des années 1990, le problème persiste…
« Depuis dix ans le problème et les moyens de lutte ont été identifiés et on en est au même point »
Hervé Laboulle
Hervé Laboulle, professeur de SVT (sciences et vie de la terre) au collège de La Souterraine et titulaire d’un DEA en hydrobiologie, a travaillé sur le problème des cyanobactéries à Courtille à cette période. « À l’époque, un rapport d’un bureau d’études demandé par la mairie pointait que l’efflorescence des cyanobactéries était due au phosphore, et proposait des actions pour lutter », se souvient le professeur, qui ne pense plus au sujet pendant plusieurs années, le croyant résolu.
Et puis en 2009, alors qu’il souhaite emmener sa fille se baigner, il tombe sur un panneau d’interdiction de baignade au Bourg-d’Hem à cause de ces fameuses algues bleues. « Je me suis dit c’est bizarre, depuis dix ans le problème et les moyens de lutte ont été identifiés et on en est au même point », explique Hervé Laboulle.

La coloration très foncée de l’eau

En cherchant sur internet, il a constaté que l’hypothèse du phosphore était toujours d’actualité mais que le bilan n’était pas très positif : « si ça ne fonctionne pas, c’est que ce n’est peut-être pas le phosphore », a-t-il alors pensé.
Le maire du Bourg-d’Hem, Jean-Louis Batier, a accepté que Hervé Laboulle fasse une étude sur le lac en 2010.
« Je suis reparti de zéro pour essayer de trouver le facteur responsable », explique le biologiste. Il remarque rapidement la coloration très foncée de l’eau, au Bourg-d’Hem mais aussi sur d’autres plans d’eaux affectés.

Augmentation des températures

Comparant à des plans d’eau à la transparence « normale », il a remarqué que la température de l’eau était plus élevée dans les plans d’eau où l’eau est colorée étant donné que la lumière n’y pénètre pas aussi profondément. « Pour les algues “classiques”, la température optimale est de 20 °C, et ils ne vont pas au-delà d’une certaine concentration car il y a un équilibre avec les zooplanctons », expose le spécialiste.
Or, dans les plans d’eau colorée, la même quantité de lumière serait absorbée en moins d’un mètre, faisant augmenter la température : « On a relevé des températures de l’eau jusqu’à 30 °C à l’étang du Cheix à la Souterraine », remarque le professeur qui s’est penché sur l’étude de ce plan d’eau en particulier. Or, cette augmentation des températures est idéale pour la prolifération des cyanobactéries, et défavorise les autres algues, d’où selon le professeur les taux de concentrations énormes.

Le dépôt de fumier sur sol en cause

Il a profité de la vidange de l’étang du Cheix pour constater ces traces de coloration. La cause, il l’a cherchée longtemps, et une théorie lui est venue en 2014… « J’ai fait le lien avec des tas de fumiers entreposés sur sol et qui avec les précipitations font du purin qui colore l’eau, même avec un fort taux de dilution », raconte le professeur. Il a fait ses estimations par rapport au bassin-versant, des tests et des comparatifs entre lacs infestés ou non, et selon lui tout concorde : c’est le dépôt de fumier directement sur sol et sans couverture qui serait en cause…

Un test à l’étang de Cheix

Il a fait le test à l’étang du Cheix, les agriculteurs ont accepté de déposer leur fumier ailleurs que sur le bassin-versant. « Au niveau de la réhabilitation du Cheix, on est en train de diminuer la coloration, et cet été la baignade n’était pas autorisée par décision de la municipalité mais pourtant les taux de cyanobactéries étaient faibles, on aurait pu s’y baigner. ».
Virginie Lorthioir
Plus d’informations. Sur le blog d’Hervé Laboulle : hydrasaclab.blogspot.fr
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